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Migration sur Mastodon, un sentiment de liberté.

29.12.2022

J’ai retrouvé trace de ma première inscription sur une instance Mastodon grâce à mon gestionnaire de mots de passe. C’était en avril 2017, et à l’époque, passé l’attrait de la nouveauté, je m’étais désintéressé de la plateforme en quelques semaines. Il faut dire qu’il y avait beaucoup moins d’utilisateurs, et qu’à l’époque, un bon filtrage de ma timeline Twitter me permettait d’éviter les dérives droitisantes et plus globalement tout ce qu’il y avait de plus négatif sur le réseau de l’oiseau bleu.

Surtout, je n’avais pas compris l’intérêt du Fediverse.

Fast Forward de cinq (!) années. Comme beaucoup de gens, je me suis retrouvé à réinvestir mon compte Mastodon au début de novembre 2022, à la suite du changement de propriétaire de Twitter et des actions qui en découlèrent si vite après.

Alors, quoi ?

Les mots qui me viennent en premier sont « bouffée d’air frais » (j’étais tenté de dire ”d’oxygène”, ce qui est un point de comparaison automatique venant directement de mon dayjob).
Le calme ambiant, la politesse et le fairplay, fair use que j’y retrouve y contribuent pour l’essentiel. L’absence de bots, de pub et d’algorithme sont un vrai plus.

Grâce à cette transition, je retrouve de nouveaux vieux centres d’intérêts : d’abord la littérature et l’écriture, mais aussi le libre, Linux, les FOSS, la street photography. C’est facile grâce aux tags que l’ont peut suivre directement. Ça l’est aussi parce qu’en changeant de réseau, je suis reparti de zéro, collectant les comptes auxquels je souhaitait m’abonner en agissant comme le curateur d’une importante collection. Mieux encore, j’ai pu choisir une instance locale, au sens géographique, qui me permet de voir dans ma timeline locale des usagers que je n’aurais pas découvert sans cela.

Ces changements bénéfiques sont cités en partie dans l’article de Cory Doctorow (What the Fediverse does/‘nt solve), qui m’a aidé a comprendre pourquoi ils étaient bénéfiques. La force de web des premières années était dans son interopérabilité. Tout le monde utilisait des protocoles standards. Cela permettait de créer dans son petit coin d’internet tout en le rendant connectable aux travers de ces standards. On pouvait lier tout et n’importe quoi, mais pas n’importe comment. Il était facile de quitter un forum, une communauté, un site, en gardant des liens vers ces derniers, mais aussi de se protéger des mauvais acteurs par les mêmes mécanismes.

Les fondations du Fediverse reposent sur le même genre de standard, un protocole appelé ActivityPub, créé pour fabriquer un web durable, ouvert et interopérable, pouvant fonctionner avec n’importe quelle application. C’est le cas de Mastodon, de Pixelfed et bien d’autres. C’est ce qui m’a permis de quitter une instance et de déménager mes followers et les comptes que je suivais en quatre clics.

Cela me permettra, si un jour les admins de l’instance que j’ai choisie virent vers des idées que je ne partagent pas, de déménager à nouveau sans être victime du principal bras de levier qu’utilisent les systèmes propriétaires et les stratèges de l’économie de l’attention: on ne les quitte pas parce que tout ceux que l’on connait y sont et qu’il est impossible de le faire sans les perdre. On y est pris au piège, by design.

C’est impossible avec un système ouvert et libre, respectueux de protocoles standards qui permettent cette ouverture. C’est cela, au fond, que j’ai gagné en migrant vers une instance Mastodon: la liberté des premiers jours du web, en tout cas une certaine forme de cette dernière.

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